Il a visité plus de 30 métros dont celui de Charleroi: “Unique au monde” et “effrayant”

“Le métro à Charleroi est vraiment spécial. Tout d’abord, il est qualifié de ‘métro’, mais ce n’est pas un métro. C’est simplement un tram avec quelques tunnels et voies spéciales. Les Allemands l’appelleraient ‘Stadtbahn’ (NDLR. qui signifie tout de même ‘Métro léger’ en français). En anglais, c’est un ‘light rail transit’ (NDLR. Métro ou Train léger en français). Ce que je trouve fascinant avec le métro de Charleroi, c’est de voir combien le projet de départ était gigantesque et comment il a été réduit radicalement alors que certaines parties des plans initiaux étaient déjà construites.

Je trouve réellement intéressant le contraste entre les tracés ambitieux des années 70 et la décadence des années 80 et 90. OK, ce n’est peut-être pas le plus beau des métros, mais c’est intéressant. Et puis, il traverse quelques belles zones industrielles... Ce n’est pas courant de trouver en Europe de l’Ouest des métros dans de tels environnements. C’est carrément unique” nous raconte Adrian Fuentes Arevalo.

Sur son compte Twitter, il note une autre particularité: “La hauteur des quais du métro de Charleroi est de 55 centimètres. C’est unique au monde. C’était une décision qui prenait en considération la taille des vieux trams de la SNCV (NDLR. Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux) réservés au métro. C’est assez amusant de constater que dans les années 60, l’argent était mis de côté pour les infrastructures, mais pas pour de nouveaux trams”.

Adrian Fuentes Arevalo est un véritable passionné des trains et des transports publics. Il a déjà visité plus d'une trentaine de métros: “La plupart en Europe. Mais quand je voyage quelque part, je consacre toujours une partie de mon temps à explorer les trams, les métros, les trains”.

Il garde d’ailleurs en mémoire plusieurs déplacements: “J’aime les métros spéciaux, qui ne sont pas identiques, avec des trains ou des stations identiques. J’ai aussi tendance à apprécier des métros plus anciens même s’ils sont plus inconfortables. Ils ont plus de charme. Le métro à Paris est réellement historique. À Berlin, le métro a été façonné par la division de la ville... À Prague, Bucarest ou Kiev, vous pouvez encore ressentir l’époque communiste quand vous vous baladez dans les couloirs du métro”.

Sa passion date de son enfance: “Mes grands-parents vivaient près d'une ligne de chemin de fer. Je me souviens très bien que lorsque j’étais un petit garçon, mon grand-père voulait m’amener près de la voie ferrée pour voir les trains passer. Depuis lors, je nourris un intérêt pour tout type de transports publics. Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, mais c’est un sujet que je trouve super intéressant. Je lis les cartes d’endroits où je ne suis jamais allé ou encore je scrute de nouvelles villes en empruntant des trams”.

Il est donc particulièrement bien placé pour juger le métro léger de Charleroi. Et après en avoir esquissé ses atouts, il expose ses incommodités: “Certaines stations sont complètement effrayantes. Il y avait un sentiment total d’insécurité. Ce n’est pas rassurant d’attendre dix ou 15 minutes avec des SDF (NDLR. Sans Domicile Fixe) ou des gens qui se droguent sur les quais”.

Pourtant, plusieurs initiatives sont prises par le Transport En Commun (TEC) Charleroi pour combattre toute menace. “Au-delà de l’intervention de notre service de sécurité, nous collaborons étroitement avec la police, nous menons des actions de contrôle communes TEC/police dans les stations et tout récemment, il y a eu un accord avec la Ville pour que les gardiens de la paix puissent circuler sur le réseau” affirme la Directrice Opérationnelle Commerciale et porte-parole du Transport En Commun (TEC) Charleroi, Véronique Benoît.

Sur Twitter, Adrian Fuentes Arevalo cite les deux arrêts qui lui ont fait mauvaise impression: Beaux-Arts et Waterloo. Circonstance aggravante: ils sont tous les deux situés en centre-ville.

En ce qui concerne la station “Beaux-Arts”, il écrit: “Le jour où j’y étais, il y avait plus de sans-abri sur le quai que d’utilisateurs du métro. C’était sale et de la drogue était présente. Pas agréable du tout”.

Quant à la station “Waterloo”, il confie: “Je suis allé dans de nombreuses stations de métro partout en Europe. C’est probablement la seule dans laquelle j’ai été reconnaissant de l’avoir quittée. Un lieu complètement effrayant. Sale, mal éclairé, sans-abri, bagarres, drogues. Ajoutez à cela une organisation déroutante des trajets!”

Véronique Benoit nous communique les efforts entrepris par le TEC Charleroi en termes de propreté: “Les stations de métro sont nettoyées cinq fois par semaine. Six voire sept fois pour les quais les plus fréquentés”.

Elle nous apprend que des aménagements quant à la luminosité de l’arrêt “Waterloo” sont programmés: “Oui, en effet. Mais c’est lié à la transformation des accès à la station, elle-même dépendant des projets de la Ville pour le rond-point du Marsupilami”.

La sculpture du Marsupilami devrait notamment être remplacée dans le courant du premier semestre 2022. Mais les modifications urbanistiques ne se limiteront pas à cela et devraient prendre davantage de temps.

Par ailleurs, notre féru de transports en commun estime que “les fréquences de passage ne sont pas si bonnes. Beaucoup de gens ne considèreront pas le métro comme une bonne alternative à leur voiture”.

En ce qui concerne les trajets M1/M2 combinés, le nombre de passages est de quatre par heure. À noter que depuis que les travaux sont entamés à la gare du sud, tous les M1 sont transformés en M2.

Pour ce qui est du M3 et du M4, il y a six trams disponibles par heure. Avec des renforts aux heures de pointe pour la ligne M4.

Adrian Fuentes Arevalo considère aussi que la localisation des stations du métro carolo n’est pas toujours idéale: “Diverses stations sur les lignes M1/M2 se trouvent assez loin des centres urbains. Leur maintenance laisse aussi à désirer. Ce qui n’encourage pas les voyageurs à emprunter le métro”.

La porte-parole du TEC réfute en tout cas le moindre laisser-aller: “Suivant les techniques, des opérations de maintenance ont lieu une fois par mois, par trimestre, par semestre ou par an pour la maintenance préventive. Au plus vite pour la maintenance corrective. Généralement, elle trouve place à J+1 sauf si nous dépendons de tiers. Par exemple, les escalators pour lesquels nous attendons des pièces”.

Adrian Fuentes Arevalo vit depuis trois ans à Bruxelles. Il travaille pour European Free Alliance Youth, une association de jeunesse qui œuvre avec les minorités culturelles européennes.

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